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VIVRE LA ROUTE EN SECURITE
VIVRE LA ROUTE EN SECURITE
  • Sans aucune prétention il s'agit de réfléchir ensemble, partager des avis, des expériences, compétences, etc. les routes sont faites pour profiter de la vie, aller la gagner, mais pas pour l'y laisser.
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LA FATIGUE MAUDITE

 

Léon fauché vient de retrouver un emploi dans une entreprise de métallurgie de la région204parisienne. Il était chômeur depuis deux ans et comme véhicule il a une vieille 204 qu'il entretien lui même du mieux qu'il peut.

Pas question pour lui de s'offrir une voiture plus récente ni de payer une facture de garagiste, son maigre salaire de 1000€ net à bien du mal à lui permettre de vivre avec sa femme et ses deux enfants. Alors il tient par dessus tout à sa vieille carlingue. Vieille! Regardez comme elle est belle malgré son âge et écoutez comme son moteur tourne bien! On dirait une horloge. Et puis sans elle il ne pourrait pas aller travailler. Alors pour la conserver le plus longtemps possible il est à ses petits soins: vidanges régulières, contrôle des éléments de sécurité,... Il effectue lui-même les travaux de réparations et se procure les pièces détachées d'occasion pour le remplacement, excepté les plaquettes de frein. Il la connaît dans ses moindres détails et sait à tout moment et en toute circonstance la maîtriser parfaitement.

Sur la route, il harmonise toujours sa vitesse en fonction des capacités de son auto, du relief, de l'état de la voie et de sa condition physique.

Son travail est pénibleCIRCULATION et le soir il rentre souvent fatigué. D'ailleurs il lui arrive fréquemment de s'arêter plusieurs fois pour parcourir les 40 km qui séparent son boulot de son domicile car il préfère se reposer plutôt que de prendre des risques pour lui et les autres usagers. Léon n'a qu'une devise: arriver plus tard mais bien au lieu d'aller, ou d'envoyer quelqu'un à l'hôpital ou au cimetière. Il sait que la fatigue constitue un danger sur la route et c'est pour cela qu'il ne force jamais. Dès qu'il sent que ses yeux veulent jouer "les tiroirs d'épicière", il actionne ses feux de détresse jusqu'au premier endroit où il peut se garer sans gêner la circulation.

Nous sommes à la mi juin, les vacances approchent. Pour Léon elles seront les bien venues car même s'il ne pourra pas partir par manque de finance, il n'aura plus le trajet à faire pendant cette période et c'est déjà beaucoup. Mais c'est dans un mois et demi et la chaleur qui fait son apparition ne l'aidera pas à tenir. Son épouse et ses enfants savent que ça va devenir de plus en plus dur pour lui, ils le supplient de parler au médecin de son état de fatigue. C'est vrai que malgré qu'il se couche tôt le soir, il a beaucoup de mal à récupérer. Oui mais s'il va voir le docteur, ce dernier va lui conseiller quelques jours de repos. Repos qu'il ne prendra pas car ses supérieurs le ferait passer pour "un tire au cul". Il tient à sa dignité et n'acceptera jamais que l'on salisse son intégrité morale. Il a bien raison. Il respecte les autres, lui, alors pourquoi ne serait-ce pas réciproque ? Alors il va prendre sur lui au risque d'être épuisé à la veille des vacances.

Le 12 juillet fut certainement la journée de trop. Alors qu'il reste deux semaines avant les congés tant attendus et bien mérités, Il quitte son travail comme à l'accoutumé vers 17 heures. Il fait très chaud. Sa voiture est une vraie fournaise. Il ouvre les quatre portières pour ventiler avant de s'installer au volant. Puis, comme chaque soir, il prend la route pour regagner son domicile où sa femme et ses enfants l'attendent désormais inquiets étant donné que c'est une heure d'affluence.

Ce jour là, il paraît y avoir plus de monde que d'habitude.Il est vrai qu'on est vendredi et que c'est le deuxième grand départ d'été. Comme toujours, les automobilistes sont de plus en plus nombreux et pressés de pouvoir enfin en profiter. Léon FAUCHE est lui, de plus en plus affaibli. Il a eu une journée très difficile. Il a parcouru à peine cinq kilomètres qu'il doit déjà faire une halte pour se reposer un peu.

Après un quart d'heure il repart. Il doit essayer de composer le devoir de ne pas se mettre en PETITE MAISONdanger et la nécessité de rentrer à une heure convenable pour rassurer sa famille qui préférerait le savoir à la maison. Mais voilà, le surmenage domine et Léon doit à nouveau s'interrompre au bout de quelques kilomètres. Il sent ses yeux lourds. Il a beaucoup de mal à les garder ouverts. Désormais il a très peur de s'endormir au volant. Alors, comme il se trouve près d'une petite maison, il décide d'aller demander un peu d'eau fraîche pour se passer sur le visage afin de retrouver la force de continuer sa route. Il prend soin de se garer correctement sans risque de gêner la circulation puis va frapper timidement à cette porte qui lui paraît austère.

Charles COPAIN, d'un geste gai et dynamique ouvre pour accueillir son hôte. Après un bref instant, stupéfait par le visage abattu de Léon, il le prie d'entrer et l'invite à s'asseoir. Pardonnez-moi Monsieur, dit Léon, je...! Devant un tel harassement, Charles a bien compris que Léon ne doit pas reprendre la route sans un peu de repos. Monsieur, lui adresse-t-il avec son habituelle bravoure qu'il pigmente d'une pointe d'autorité, vous pouvez disposer de la salle de bain à votre aise, ensuite vous irez dormir un peu dans la chambre d'amis après vous serez mieux pour conduire. Bien sur Charles lui a spontanément proposé le téléphone pour prévenir son épouse. Léon hésite énormément car il ne voudrait pas déranger. Finalement il accepte et appelle sa femme pour lui expliquer qu'il va rentrer plus tard.

CHAMBREDès qu'il fut étendu, le sommeil l'emporta presque instantanément. Bien inspiré ce brave homme de lui forcer un peu la main pour qu'il accepte son hospitalité le temps de reprendre un peu d'énergie car il y a fort à parier que Léon ne serait pas allé bien loin. Au bout d'une heure il s'éveille et, après avoir réalisé où il se trouvait, il s'excuse de s'être laissé allé. Mon ami, lui dit Charles, il n'y a pas de honte à être fatigué. En revanche je suppose que votre voiture est comme la mienne, elle connaît la route mais ne dispose pas du pilote automatique! Si vous vous sentez mieux maintenant c'est l'essentiel.

Après moult remerciements, Léon va rejoindre sa famille qui a déjà pris un rendez-vous chez le médecin pour l'obliger à s'arêter un moment. De cela peut dépendre sa vie, et pas seulement la sienne.

                                                                                                                   Joël MASSUARD

 

 

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