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VIVRE LA ROUTE EN SECURITE
VIVRE LA ROUTE EN SECURITE
  • Sans aucune prétention il s'agit de réfléchir ensemble, partager des avis, des expériences, compétences, etc. les routes sont faites pour profiter de la vie, aller la gagner, mais pas pour l'y laisser.
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UN DANGER QUI S'IGNORE

 

LIGNE DROITE SOUS BOISMonsieur Prudence et sa famille se rendent à la ville voisine où ils sont attendus pour diverses démarches. La route presque droite offre une vue lointaine, les quelques cassis à peine prononcés ne semblent pas pouvoir masquer la visibilité.

Ils ne sont pas pressés mais s’ils peuvent éviter d’y passer tout l’ après midi ça les arrangerait car ensuite ils aimeraient aller voir les grands parents qui ont une surprise pour les enfants. Alors Antoine Prudence, fidèle à sa conduite posée et détendue roule décontracté à une vitesse voisine de 90 km/h veillant comme à l’accoutumé de ne pas dépasser les maximales autorisées. En même temps il pense à son après midi, dans quel ordre s’organise-t-il? Comment va-t-il exposer ses diverses demandes? A-t-il toutes les chances de son coté? Etc.

Pendant ce temps, il s’approche peu à peu de Monsieur Paisible qui circule tranquillement à 60 km/h environ pour avoir le temps d’observer ses champs de blé afin de se rendre compte de l’état général de la prochaine récolte. Comme la route semble dégagée, il le dépasse avec sa légendaire attention. Puis brutalement apparaît face à lui un véhicule en sens inverse. Comme il est trop tard pour revenir derrière la voiture qu'il est en train de doubler, il tente de se rabattre promptement pour éviter la collision frontale dans l’espoir que les autres auront ralenti suffisamment.

Mais c’est un vain effort. Il ne peut éviter aucun des véhicules. Il accroche la voiture de face par son avant gauche pendant que Paisible vient lui emporter l’arrière droit pour finir dans le fossé.

Au milieu de ces voitures désordonnées, Antoine Prudence s’extrait vivement de son auto pour s’inquiéter des occupants des autres. Etes-vous blessés interroge-t-il sans même s’occuper des dégâts matériels ni de son dos qui lui fait mal car dans le choc,les genoux des son fils ont heurtés le dossier de son siège trop souple.ACCROCHAGE

Blessée à la tête, Madame Paisible ne peut sortir car sa portière est coincée et elle n’a pas assez de force pour se hisser du coté conducteur. Pendant qu'on s’occupe d’elle, les secours sont appelés et interviennent rapidement, ils l’orientent vers l’hôpital le plus proche où elle sera bien soignée. Simultanément, la police sur place entend les personnes impliquées dans l’accident et établit un constat mettant en cause Antoine Prudence qui, à la vue des véhicules et aux déclarations des autres conducteurs, aurait entamé son dépassement sans s’assurer que cette manœuvre puisse s’accomplir sans danger.

Déjà effondré par le fait qu’il est incontestablement au centre de cet accident, Antoine n’avait pas besoin d’être accablé par les autres chauffeurs qui lui reprochent de ne pas avoir été maître de son véhicule et d’avoir mis la vie d’autrui en danger, ce qui ressort aussi du rapport de police.

Nous n’en voudrons pas aux autorités qui doivent fonder leur rapport sur des faits et déclarations afin que, le cas échéant, un juge puisse entendre les personnes et statuer. Cependant est-il suffisant de constater qu'en doublant le véhicule qui le précède un automobiliste provoque l’accident, par conséquent il est responsable et doit l’assumer entièrement?

Bien que chacun puisse apprécier diversement les conditions de dépassement et estimer qu’il ne doit être effectuer qu’en excellente visibilité, alors qu’il est établi que sur ce tronçon la route offre à tous une bonne perception des risques, je ne partage pas une

DROITEopinion trop restrictive et culpabilisante. Je préfère tenter d’analyser les circonstances dans lesquelles le sinistre s’est produit afin de pouvoir en tirer des leçons.

Nous avons d’une part une route presque droite qui a l’air dégagée avec çà et là quelques légères ondulations, et d’autre part Benjamin Paisible qui roule à allure modérée pour observer sa propriété et Antoine Prudence avec sa famille qui circule dans le même sens à vitesse plus élevée mais raisonnable et conforme à la signalisation. Ce dernier, sans avoir d’urgence particulière, n’a aucune raison de rester derrière d’autant que rien ne paraît susceptible de gêner un dépassement et que, de surcroît, la différences de vitesse entre les deux véhicules étant de l’ordre de 30km/h environ permet de l’effectuer assez brièvement. La voiture venant en sens inverse s’était-elle arrêtée entre deux ondulations de la route qui pouvaient la masquer? Mais il n’y a là aucune faute de sa part.

Il faut sans doute se demander si chacun utilisait la route pour ce qu’elle est réellement devenue auVILLAGEjourd’hui. A la réflexion, c’est bien la vitesse réduite de Benjamin Paisible qui est la cause de cet accident car incontestablement il incite malgré lui à le doubler sans que cela puisse en faire un responsable ou un coupable. Cependant, c’est Prudence que va « trinquer » pour n’avoir commis aucune faute car s’il avait roulé plus vite, il aurait été verbalisable pour excès de vitesse mais il aurait eu le temps de se rabattre et la collision n’aurait pas eu lieu, mais il n’y aurait pas eu de sinistre non plus si Paisible avait roulé à 80 ou 90 km/h car Antoine ne l’aurait pas dépassé.

Alors la lenteur ne peut-elle pas être considérée comme pouvant faire partie des causes de danger si elle se conjugue à d’autres ?

                                                                                                                       Joël MASSUARD

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